vendredi 28 janvier 2005

C'est la lutte-euh finaaaaale ! (petites chroniques du travail, suite)

D'abord, j'avoue, je n'ai pas beaucoup posté cette semaine, mais c'est pas ma faute, hein.
Parce que cette semaine, il s'est passé un truc de dingue : j'ai co-organisé ma première grève. J'en reviens pas encore.

Parce que bon, on sait qu'il va nous arriver un sale truc, mais on ne sait pas encore quoi. Alors, en représentants du personnel responsables (oui, nous sommes de jeunes responsables), nous avons proposé à notre direction un accord-cadre qui garantirait un minimum décent pour les gens en cas de tournage de la situation en eau de boudin.

Hélas, la réponse du patron a été simple : "Ma ché je souis pas mandaté pour ça" (c'est un italien et il n'est pas le PDG).

Alors, comme on veut pas lâcher le morceau, parce que sinon il sera trop tard, mardi, on a lancé un appel à la grève générale, jeudi de 14h à 16h avec une réunion d'info à 13h30.

Début de la distribution de tracts sur la grève : midi.
Envoi d'un mail du patron-pas-mandaté pour une réunion d'info générale jeudi à 11h : midi 32.

La guerre de l'information était lancée.

Entre mardi et jeudi matin, on prépare notre action : on trouve un mégaphone, on écrit des slogans, on prépare des pancartes, on cogite sur le chocolat chaud, on invente des chansons sur des airs connus et/ou des chants de footeux, on discute, on élabore des stratégies et des hypothèses, on cherche des draps pour les peinturlurer, c'est le bronx, mais ça bouge et c'est bien.

Pour tout avouer, on flippouille tous un peu sur un bide potentiel, parce que cette boîte, c'est un peu "chacun-pour-soi.com" vu le risque élevé de se faire lourder pour pas grand chose, mais on évite le sujet.

Le jeudi matin, on termine tout ce qu'on peut et c'est parti, c'est l'heure du discours de Don Pas-mandato.

Et là, c'était trop fort. Le monsieur, il a pris la parole parce que tout le monde sait qu'on est à vendre, qu'il y a la grève prévue et que ses managers lui disent que tout ça n'est plus gérable. Et il a dit quoi ?

"Je serai bientôt votre PDG, mais voici le message de mon chef : blabla.. France est un pays stratégique.. blabla.. rien n'est décidé... blabla... étudions toutes les possibilités... blabla... restez motivés... blabla... les représentants du personnnel, c'est des méchants pas constructifs, ils veulent tout casser avec leur grève... blabla... augmentations équitables... blabla... vente de la France pas décidée..."
A chaque question, il expliquait qu'il était là pour défendre l'intérêt de l'actionnaire.
Son adjoint et ennemi a ajouté que c'était mal de penser à partir avec des sous (et il sait de quoi il parle, il a eu un golden parachute et est revenu avec une augmentation).

C'était plutôt réussi, puisque plein de gens avaient vu le dossier de vente, et que les augmentations, presque personne ne les a vues. Bref, ils ont bien chauffé la salle et on aurait dû les remercier de nous donner un coup de main pareil.

L'après-midi, entre 60 et 90% des gens suivant les sites étaient dehors avec nous. Et c'était bien.

On a chanté des trucs importants sur des airs idiots, réclamé du vrai respect, regretté de ne pas avoir de chocolat chaud, interrogé un photographe de presse venu faire un tour, beaucoup parlé et senti le soutien des gens qui ont supporté des températures négatives pendant plus de 2 heures, avec le sourire.

Bien qu'on ait pris soin de rappeler à tous la loi sur le droit de grève avant de la faire, notre gentille DRH a déménagé le jeune homme qui partageait son bureau parce qu'il a trahi la confiance qu'elle avait mis à l'intérieur de lui en faisant grève.

Du coup, on devrait peut-être remettre ça, non ?

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