Il y a des matins où on sait qu'on a beaucoup à faire mais pas par quel bout commencer.
Un peu comme quand on a du mal à entrer dans l'eau, à la piscine, assis sur le bord, glissant progressivement. Les pieds, les mollets, les cuisses, et puis on remonte les jambes, parce qu'elle est froide. Et puis on y retourne, et on essaye de passer avec panache le cap du ventre. Parce qu'une fois qu'on a le ventre dans l'eau, on peut s'habituer à la température. Là, il faut vite s'élancer, d'un coup, sinon on n'ira pas.
Il y a donc des matins comme ça. On passe en revue ce qui nous attend dans la journée. Qui en croquant une tartine, qui en se brossant les dents. On voit les taches de la journée s'agencer dans son esprit, on commence une chose ou une autre, mais doucement, presque mollement. Un peu hésitant devant les échéances. Y aller, laisser le temps s'étirer encore un peu en longueur ?
Et puis que faire en premier ? Le long boulot qui nous attend, le vrai ? Ou des taches annexes qu'on repousse depuis longtemps ? Et tiens, si on faisait une liste pour éclaircir tout ça ?
Je suis toujours admirative des gens rigoureux qui savent se mettre au boulot sans état d'âme.
Tourner encore un peu autour du pot, parce qu'on sait que quand on s'y mettra, le travail s'avèrera de longue haleine. Et demandera de la ressource. Mais qu'on y trouvera intérêt et joie. Comme la joie des muscles qui tirent après des dizaines de longueurs, celle de sentir que son corps répond. La jubilation de voir les idées s'enchainer ou quelque chose sortir de ses mains.
d'après Un jour ici ou là, Richard Bacquié (vu au Centre Pompidou de Metz, d'autres images là)
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