lundi 5 septembre 2005

Le jeu des 5 saveurs

Voici donc l'énoncé de l'exercice refilé par angel, laquelle l'avait reçu de dame Racontars :
Citez cinq aliments, plats ou autres, qui ont fait partie de votre enfance, et qui vous manquent, parfois, quand la nostalgie vous prend...

Comme toujours, je vais probablement sortir des cases pré-établies. Parce que cinq aliments, c'est peu pour la gourmande que je suis. Et aussi, parce que dans la mesure du possible, j'essaie de faire perdurer les trucs que j'aime, notamment dans ma cuisine.
Je pourrais commencer avec les cinq aliments dont je garde un mauvais souvenir (la macédoine de légumes en boîte, la forêt noire, les haricots verts à la crème servis froids au goûter, la crème du lait et le melon, et puis si vous m'invitez, pas de saumon fumé, ça me rend malade). Bon, j'avoue, je tourne autour du pot, j'ai du mal à faire un choix.

D'abord, il y a mes petits déjeuners et mes goûters d'enfance, chez ma grand-mère paternelle. J'habitais quasiment chez ma grand-mère jusqu'à mes 3 ans et demie, puis nous avons passé la moitié des grandes vacances chez elle pendant des années. Les souvenirs sucrés chez elle, ce sont aussi ceux des jeux avec mes frère, soeur et cousins, la petite-enfance puis les vacances, la présence de mon grand-père parti trop tôt, un temps de famille unie.
L'emblème du petit déjeuner, c'était la confiture de coings maison, enfin confiture n'est pas le terme exact, c'était presque de la pâte de coings un peu liquide, sombre et caramélisée, et qui faisait de longs fils entre le pot et la tartine. Rien à voir avec la gelée de coings du supermarché, donc.
Et puis au goûter, les tartines de beurre avec du sucre glace ou du chocolat en poudre ou le pain avec une barre de chocolat Meunier, et le verre de Tang.
Et puis, rarement, un croissant au chocolat avec un délicieux glaçage au sucre, un truc que je n'ai vu qu'en Lorraine.

Le deuxième souvenir alimentaire que j'ai, ce sont des dîners de petite-enfance quand je vivais chez ma grand-mère : la soupe blanche aux vermicelles et la Floraline au lait sucré.
La soupe blanche, j'ai trouvé comment la faire par hasard, en voulant la faire goûter à ma fille : du bouillon avec du lait et des vermicelles, pile le même goût. La pounette a aimé, et quel plaisir de retrouver un goût oublié.
La Floraline, en revanche, ma fillette n'a jamais adhéré. Elle a pourtant été mon aliment-réconfort attitré jusqu'à il y a quelques années. Epaisse et bien sucrée.

Les pâtes fraîches de ma grand-mère italienne m'ont aussi marquée pour toujours.
Parce qu'elle les fait (plus rarement maintenant) entièrement à l'oeil, sans mesurer précisément les proportions.
Parce qu'elle en faisait une quantité industrielle : minimum vingt personnes à table.
Parce qu'elle les étalait sur un drap, sur toute la longueur de la table avec un manche à balai et découpait les tagliatelles au couteau.
Parce qu'elle les laissait reposer sur leurs draps sur son lit, sur le canapé, sur la table, autant d'occasion d'en picorer en passant.
Parce que pendant ce temps, le ragù et les boulettes mijotaient, et que ça sentait bon.
Parce que c'était un joyeux désordre à table, avec les conversations des adultes et le chahut des enfants.
Parce que mes cousines mangeaient les pâtes blanches et pas nous.
Parce que râper le pecorino et manger la viande après la pasta, c'était comme le rituel du dimanche chez ma grand-mère.

Ensuite, les plats de ma mère, et en particulier, le trio mousse d'épinards-purée de pommes de terre-oeufs sur le plat. Bon, présenté comme ça, ça a l'air lourd, mais c'est délicieux, même les enfants aiment. Et puis, comparé au plat typique de Vendredi Saint qu'on mangeait dans la famille de mon père (pâtes à la béchamel-oeufs durs), c'est aérien.
Ma mère excelle aussi dans plein de trucs dont j'ai un souvenir eau-à-la-bouche : les pâtes au four (recette familiale surprenante, venez, je vous ferai goûter, mais je garde la recette) et les canellonis, le far breton recette tupperware (oui, je sais, mais c'est parfait pour le goûter), les gaufres et les crêpes...

Pour finir, ce n'est pas vraiment un souvenir d'enfance, mais je les mets dans le classement parce que j'en ai mangé pendant mes vacances en Calabre, et qu'on n'en trouve que là-bas.
Les frese (prononcer "frésé"), sont des demi-petits pains plats, séchés au four et souvent troués au centre. On les humidifie en versant un peu d'eau dessus, on y ajoute un filet d'huile d'olive, on les couvre de petits morceaux de tomate bien rustique et parfumée et de mozzarella (di buffala, c'est encore meilleur), et on parsème de basilic frais et d'origan. La préparation est presqu'aussi jubilatoire que la dégustation.
En rentrant de la plage en début d'après-midi, profitant de l'ombre quand le soleil tape fort, c'est un moment de perfection. Il ne manque plus qu'une tasse de moka ensuite, et c'est le régal total.

les frese



Ca me plairait bien de lire les émois alimentaires d'enfance de la jeune bergère, d'Ivan et d'Oulala et je suis curieuse de connaître aussi ceux d'India et de ceux qui voudront.

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